I ) Introduction :
Voici un thème qu’on m’a souvent proposé. Je suis passionnée par cette question pour une raison très simple. C’est que l’éducation des filles n’a que des avantages qui profitent à tous et à toutes. Quels sont-ils?
L’éducation des filles favorise :
- L’égalité des genres.
- La santé pour tous.
- La croissance économique.
- La protection de l’environnement.
- La cohésion sociale et la paix.
Voici 5 points pour démontrer qu’investir dans l’éducation des filles est la meilleure politique pour développer un pays et ce, dans tous les domaines : introduction, bénéfices, état des lieux, barrières, stratégies et conclusion.
Les femmes sont des agents de changement efficaces pour le développement durable de leur nation, de leur continent et du monde. Elles en constituent l’épine dorsale.
Mais ceci n’est possible que si elles ont accès au savoir, aux compétences, et ont des aptitudes et la capacité d’innovation et de créativité nécessaires à les rendre économiquement indépendantes. D’où l’importance de leur accès à une éducation de qualité à tous les niveaux, de la petite enfance à l’enseignement supérieur en passant par le secondaire, l’enseignement technique et la formation professionnelle, avec toutes les approches, formelles, non formelles et informelles.
L’éducation de base qui comprend la petite enfance, le primaire et le secondaire permettront aux filles et aux femmes d’acquérir les compétences de base, lire, écrire et compter mais aussi les compétences souples à savoir la capacité à résoudre des problèmes, à prendre des initiatives, à communiquer, à travailler seul ou en équipe, à faire preuve de créativité, de leadership, et de conscience professionnelle, ainsi que d’esprit d’entreprise, sans oublier la maitrise des technologies de l’information et de la communication.
L’enseignement professionnelle et technique permettent aux filles et aux femmes de développer des compétences qui permettent d’avoir des savoir-faire techniques que de nombreux emplois exigent aujourd’hui (électricité, plomberie, mécanique, confection, informatique, cuisine, agriculture, etc.) et où on trouve très peu de femmes.
L’enseignement supérieur est responsable de la formation des ressources humaines très qualifiées qui devraient répondre aux besoins du marché. C’est là où les femmes doivent s’orienter vers les branches scientifiques, techniques et technologiques où l’opportunité de trouver un emploi est plus plausible.
Or le taux d’accès à l’enseignement supérieur n’est que de 11% en Afrique. Les femmes ne représentent que le tiers.
Le développement des compétences est le meilleur moyen de lutter contre les inégalités, les discriminations de genre, le chômage et la pauvreté. C’est un investissement très rentable car il promeut la paix et la croissance économique.
L’éducation transforme les vies de tous. C’est surtout l’éducation des filles et des femmes qui ont le plus grand impact et est le fondement pour améliorer la vie de tous et le développement durable. C’est cette éducation qui permet d’atteindre tous les autres objectifs du développement durable. Non seulement elle permet de rompre le cycle de la pauvreté, mais aussi à réduire les inégalités et à atteindre l’égalité des sexes.
II ) Les bénéfices de l’éducation des filles :
Elle favorise l’égalité des genres.
L’éducation construit la confiance en soi, a des effets multiplicateurs sur le plan social, économique, culturel et politique, qui profitent à tous, aux hommes, aux femmes, à la famille, à la communauté et à toute la nation.
Mahatma Gandhi disait, qu’éduquer un garçon, c’est éduquer un individu, éduquer une fille, c’est éduquer une famille, c’est éduquer une nation.
a) L’éducation favorise l’autonomisation des filles et des femmes.
Chaque année supplémentaire de scolarisation permet aux femmes d’obtenir 10%, voire 20% de gain, contribuant à les sortir de la pauvreté et c’est tout le monde qui en profite. En effet, les femmes réinvestissent 90% de leurs avoirs pour leurs familles.
Plus instruites, les femmes connaissent tous leurs droits et comment les revendiquer.
Elles vont résister à la violence et lutter contre le phénomène et changer cette attitude à l’intérieur de leur communauté.
Elles acquièrent un meilleur statut et une grande ouverture d’esprit qui les encouragent à participer à la vie politique. C’est ainsi qu’elles peuvent avoir accès à tous les échelons de responsabilité aussi bien publiques que privés.
L’éducation donne aux femmes l’accès à des opportunités d’emplois mieux rémunérés ou de créer leurs propres entreprises surtout si elles ont accès à l’enseignement supérieur, berceau du développement des compétences, lieu de génération du savoir et de la production. L’accès des femmes aux Technologies d’Information et de Communication (TIC) est indispensable surtout qu’il est prévu que 90% des emplois futurs vont exiger des compétences en TIC. Il est donc indispensable que les femmes aient une formation en la matière.
Malheureusement, le fossé technologique entre les sexes porte préjudice à la croissance économique et le développement. Selon INTELL, si 600 millions de femmes avaient accès à internet pendant trois ans, cela se traduirait par une croissance du PIB entre 13 milliards et 18 milliards, d’où l’importance de réduire ce fossé technologique entre les sexes.
Il faut aussi rappeler que dans dix ans, plus de 40% des métiers d’aujourd’hui vont disparaître. Les filles et les femmes doivent donc apprendre à apprendre pour être capables de vivre dans un monde en continuel changement.
Ainsi l’éducation favorise l’entrée des femmes dans le marché du travail, les prépare à la citoyenneté démocratique, facilite leur développement personnel.
L’éducation permet donc aux femmes d’avoir accès au centre de décision, d’information et de pouvoir. Le savoir leur donne une voix et révèle leur potentiel.
Comme les 60% de la population analphabète sont des femmes, il est important de reconnaître l’apprentissage non formel et informel. C’est un prérequis pour la création de sociétés apprenantes.
b) La santé pour tous.
Pour les femmes l’éducation est cruciale pour leur propre santé et celle de leurs enfants. L’éducation permet la réduction de la mortalité maternelle car les femmes seront suivies par des gynécologues et des sages femmes et éviteront les maladies liées à la grossesse comme l’hémorragie, la pré-éclampsie, les avortements pratiqués dans des conditions non sécurisées. Elles sauront se protéger contre les MST y compris le VIH/SIDA et empêcher la transmission du VIH de la mère à l’enfant pendant la grossesse lorsque la femme est séropositive.
Les femmes auront accès aux services de santé reproductive y compris la planification familiale. Elles peuvent alors décider du nombre d’enfants qu’elles veulent avoir, surtout si elles atteignent le 2nd cycle du secondaire.
Ainsi les femmes auront moins d’enfants qui seront mieux nourris et en meilleure santé.
L’éducation des femmes réduit la mortalité infantile. Les femmes vont allaiter leurs enfants et auront toute l’information sur les maladies préventives. Elles vont ainsi vacciner leurs enfants contre la DTCP et leur éviter des maladies comme la malaria, la tuberculose, les diarrhées, etc. Elles veilleront à ce que les besoins nutritionnels de leurs enfants soient satisfaits. Les recherches ont montré que 50% des enfants survivent au delà de 5 ans lorsque les mères sont éduquées.
L’éducation permet aux femmes de protéger leurs filles contre les mariages précoces, les mariages forcés et les mutilations génitales féminines. Elles veilleront à ce que tous leurs enfants, filles et garçons soient bien nourris et en bonne santé, aient les mêmes droits et les mêmes devoirs à la maison, sans discrimination, et surtout tous iront à l’école et seront suivis. Les parents placeront les mêmes attentes sur les filles et les garçons.
C) La cohésion sociale et la paix.
Les femmes ont un rôle primordial dans la socialisation des enfants. Elles sont les mieux placées pour s’apercevoir des premiers signes de radicalisation des enfants. Elles détectent tout de suite tout changement d’attitude et de conduite de leurs enfants.
En effet, la radicalisation commence à la maison entre 12 et 20 ans lorsque les personnalités et les valeurs sont façonnées. Des recherches indiquent que 86% des jeunes âgés de 11 à 25 ans préfèrent parler à leur mère de tout problème lié à des questions difficiles ou politiques. Elles peuvent alors contribuer à calmer les enfants et les ramener sur le droit chemin, en leur expliquant l’importance de respecter la diversité culturelle et religieuse. On dit par ailleurs, que lorsqu’un pays donne l’accès à l’éducation secondaire à tous ses enfants, il réduit de moitié le risque à la guerre.
Les femmespeuvent donc jouer un rôle important dans le changement qualitatif en tant que citoyenne à part entière en transformant notre manière de penser et d’agir.
L’éducation permet aussi aux femmes de mieux communiquer avec leurs conjoints dans tous les domaines y compris affectif et sexuel. Ensemble ils choisiront le nombre d’enfants qu’ils veulent et dans des conditions viables.
L’éducation formelle et non formelle ouvre la voix à la citoyenneté active mondiale. Elle promeut les valeurs qui contribuent à la consolidation de la paix. On obtient ainsi des sociétés justes, tolérantes, inclusives, respectant les droits des Hommes et les droits des Femmes, en un mot toutes les valeurs qui favorisent le vivre ensemble et qui devraient être enseignées dans les écoles et dans toute structure d’apprentissage non formelle et informelle.
d) La croissance économique.
Pendant que chaque année supplémentaire de scolarisation permet à la femme de gagner 10% voire 20% de gain, l’accès à une éducation de base de qualité à tous les enfants permet d’obtenir 2% de croissance économique par an dans tous les pays en développement.
En 2004 des chercheurs (PSCHROPOULOS et PATRINOS) ont constaté que le rendement économique des filles au secondaire est de 18% et pour les garçons de 14%. Déjà à Beijing, le rôle des femmes dans la vie économique du secteur formel aussi bien que du secteur informel avait démontré qu’elles assuraient 80% de la production vivrière et fournissaient 95% de l’énergie consommée par la population.
Dans les pays en développement, les femmes réalisent 70% du travail agricole, la quasi totalité de la transformation des produits de base et de 60 à 90% de leur commercialisation. IL faut souligner qu’elles ne disposent que de 10% des revenus pour elles mêmes et ne sont propriétaires que d’un infime % de biens. Des technologies améliorées pourraient accroître cette productivité agricole. Les femmes représentent donc une immense force d’entrainement. Elles ont un impact considérable sur la croissance économique. Il faut donc leur donner les outils intellectuels indispensables pour améliorer leur rendement, c’est-à-dire une éducation de qualité.
e) L’environnement durable.
L’éducation permet une meilleure compréhension des causes de la dégradation de l’environnement, et de se sentir mieux concerné. Elle permet l’acquisition de compétences et de connaissances favorisant un changement d’attitudes et de comportements qui conduisent à garantir un environnement durable. La contribution des femmes est primordiale et plus importante lorsqu’elles ont accès à l’éducation.
Au Kenya, la Prix Nobel, Wangari MUTA MAATHAI, militante écologique a réussi à lutter contre l’érosion des sols en faisant planter 20 millions d’arbres par 100 000 femmes (the Green Belt Movement). On n’y coupe pas les arbres sans en planter et on protège les cours d’eau.
Les femmes peuvent avoir un grand impact dans l’évolution des modes de consommation.
Elles vont surtout contribuer à faire un usage plus efficace de l’eau et de l’énergie et à encourager le recyclage des déchets ménagers.
L’Institution Brookings dit que l’éducation secondaire des filles est l’investissement le plus rentable et le meilleur contre le changement climatique. Des recherches indiquent que l’éducation des filles réduit la vulnérabilité d’un pays aux catastrophes naturelles.
Les rôles des hommes et des femmes déterminés par la société ont des impacts différents sur leur vulnérabilité et leur capacité à affronter le changement climatique et à limiter ses causes. Les femmes actrices de la protection de l’environnement sont les plus durement touchées par le changement climatique. Elles constituent également une part essentielle de la solution même si leur contribution n’est pas toujours suffisamment reconnue.
Il est donc important d’incorporer dans les études du changement climatique l’approche genre. Il faut réduire les inégalités structurelles entre les hommes et les femmes en leur donnant les mêmes opportunités d’accès à l’éducation, aux ressources économiques et à l’information.
Il est aussi important d’améliorer l’accès des femmes au foncier, soutenir la mise en œuvre de lois qui accorde des droits égaux de propriété aux femmes et aux hommes, notamment les lois relatives à l’héritage.
C’est sous ce volet qu’il faut aborder la question des migrations dues aux catastrophes naturelles ou aux conflits armés. A l’horizon 2050, l’OIM estime qu’il y aura environ 200 millions de personnes déplacées à cause des catastrophes naturelles, y compris celles liées aux changements climatiques. On estime (Collectif) que le risque de décès dûs à des désastres naturels est 14 fois plus élevé pour les femmes. En cas de migration et de déplacements, les femmes sont sujettes de discriminations et de violences basées sur le genre (violences sexuelles, mauvais traitements et sévices, trafic humain, etc.). Malheureusement, il y a peu de données fiables sur le sujet. Il faudrait donc entreprendre des études afin d’adopter des mesures qui répondent aux besoins sanitaires et humanitaires des femmes, des filles, des garçons et des hommes.
III ) Etat des lieux :
Au cours des dernières décennies, l’éducation est le domaine dans lequel les progrès en matière de réduction des inégalités hommes-femmes ont été les plus tangibles. Mais, si la parité a été atteinte au niveau du primaire au niveau mondial, il existe toujours de grandes disparités géographiques, économiques et sociales.
Premièrement, on constate que le taux d’achèvement de la scolarité des filles est toujours inférieur à celui des garçons. Il n’y a que 29% des pays qui ont atteint la parité au niveau du lycée. Pour le primaire et le collège nous avons:
- 89% des filles complètent le primaire au niveau des pays développés;
- 58% des filles complètent le primaire dans les pays en développement;
- 77% des filles complètent le secondaire dans les pays développés;
- 30% des filles complètent le secondaire dans les pays en développement.
Et il y a toujours 132 millions de filles qui n’ont toujours pas accès à l’éducation.
Dans les pays à bas revenus, parmi les filles les plus pauvres seules 1% complètent l’éducation secondaire. (UIS: Institut de l’UNESCO pour les Statistiques)
Parmi les 750 millions d’adultes analphabètes au niveau mondial, 2/3 sont des femmes. Les données statistiques de l’Afrique indiquent que sur les 50 millions d’enfants qui n’ont pas accès à l’éducation, 30 millions vivent en Afrique (54% sont des filles); sur les 121 millions d’adolescents qui ne vont pas à l’école, 22 millions sont africains (53% sont des filles). Il y a plus de 150 millions d’adultes analphabètes (60% sont des femmes).
Dans les 10 prochaines années, au niveau mondial, un milliard de jeunes seront en quête d’emplois et 600 millions seront des filles. Plus de 90% de celles qui vivent dans les pays en développement travailleront dans l’informel avec des salaires bas, des emplois précaires où les abus sont fréquents sans protection sur le plan juridique.
Il faut souligner qu’en matière d’orientation les filles choisissent 5 fois moins les branches techniques que les garçons.
Dans les pays en développement 355 millions de filles n’ont pas accès à l’eau pour se laver les mains lorsqu’elles changent leurs serviettes hygiéniques. Plusieurs filles n’ont pas toute l’information relative à la menstruation.
IV ) Les barrières les plus fortes :
Les barrières qui empêchent les filles d’aller à l’école sont aussi celles qui les empêchent de rester et de réussir leurs études. Parmi elles on peut citer:
- La pauvreté du ménage est la plus importante, suivie par le lieu de résidence. Les filles qui appartiennent à des familles pauvres et rurales sont les plus vulnérables. Les parents préfèrent envoyer les garçons à cause des coûts directs (frais d’inscription, achat des manuels scolaires et des uniformes, etc.) et surtout les coûts d’opportunité (tâches ménagères, petits salaires comme employées de maison).
- Les attitudes, croyances et vielles pratiques culturelles nuisibles (mutilation génitale féminine, mariages précoces, mariages forcés), et les attentes des familles.
- La gestion inappropriée de la maturation sexuelle qui est la cause des grossesses non désirées des adolescentes suivi souvent d’expulsion de l’école, ou les avortements à haut risque.
- Le manque de sécurité à l’école, aux alentours de l’école, sur le chemin de l’école et dans les transports. La violence sous toutes ses formes (physique, psychologique, sexuelle) est ce que les parents redoutent le plus et qui ne les encourage pas à envoyer leurs filles à l’école. Ces violences ont une influence directe sur la scolarisation des filles, les conduisant souvent à abandonner leurs études.
- La distance: l’école même si elle est gratuite, si elle est loin des communautés, n’est pas clôturée, ne possède pas de toilettes séparée pour filles et garçons, n’a pas un point d’eau, une infirmerie (avec des serviettes hygiéniques), les parents n’y envoient pas leurs filles. L’électricité est souvent un luxe.
- Les enseignants non sensibilisés à la question de l’égalité femmes-hommes ont tendance à exclure les filles des matières scientifiques, la technologie, l’ingénierie, les mathématiques.
- Le contenu des ressources pédagogiques et les matériels didactiques ne prennent pas en compte l’égalité femmes-hommes et véhiculent des images négatives des filles et des femmes.
- L’exclusion des adolescentes en grossesse.
- Les conflits armés où les filles et les femmes payent le plus lourd fardeau.
V ) Les stratégies pour l’égalité des genres :
Le Président Thabo MBEKI a dit en 1999: « Aucun pays au monde n’a jamais atteint le développement durable sans un système éducatif efficace, sans un enseignement primaire solide universelle, sans un enseignement supérieur et une recherche efficients, sans l’égalité des sexes et des chances en matière d’éducation ».
- L’éducation doit faire partie intégrante des programmes de développement pour qu’elle ait un impact véritable sur la vie économique et sociale du pays et qu’elle soit déclarée priorité du pays.
- Promouvoir l’éducation en tant que droit fondamental, une éducation de qualité inclusive tout au long de la vie dans un souci de démocratisation et de survie individuelle et communautaire.
- Avoir une vision intégrée, globale des problèmes d’éducation et de formation en intégrant la dimension genre.
- Considérer le secteur comme un tout, gérer les articulations entre les sous secteurs.
- Mener des études ethnosociologiques et d’enquêtes auprès des populations pour une meilleure planification des programmes éducatifs, bien définis avec des objectifs précis, des stratégies cohérentes de mise en œuvre et de suivi et le tout dans un cadre intégrateur de lutte contre la pauvreté.
- Mettre en place un système de pilotage efficace.
- Prendre en compte simultanément l’accès et la qualité avec des statistiques désagrégées, prévoir des évaluations/monitoring, mener des actions recherches pour voir où il y a des lacunes afin de les combler.
- Bâtir des partenariats et instaurer un dialogue à tous les niveaux avec les parties prenantes : les parents et amis de l’école, les enseignants et leurs syndicats, les centres de recherches, les jeunes (élèves et étudiants), les ONGs, les OSCs, les départements ministériels (santé, jeunesse, coopération, communication, administration du territoire, la justice, fonction publique, finances, etc. l’assemblée nationale), la diaspora et le secteur privé.
- Prendre en compte toutes les approches d’apprentissage, le formel, le non formel et l’alphabétisation en prévoyant des passerelles entre elles. En Guinée, les « centres Nafa » prenaient les enfants exclus de l’école âgés de 9 à 18 ans et qui apprenaient dans leur langue avec l’introduction du français en 2ème année. Le programme et l’emploi du temps étaient négociés avec les apprenants et étaient liés à leur centre d’intérêt. Ils avaient le choix de continuer dans le formel au bout de trois ans en intégrant l’école primaire ou s’orienter vers le métier qu’ils pratiquaient déjà. Dans ces centres il y avait autant de filles que de garçons.
- Accorder à la petite enfance une attention plus soutenue, l’influence des 1ères années s’exerçant tout au long de la vie de l’enfant.
- Introduire les langues maternelles dans l’enseignement. S’assurer que les maîtres sont formés, que les moyens didactiques sont développés, que les parents acceptent la politique avec le choix de la ou des langues et le moment d’introduire la langue étrangère.
- Accorder une place importante à l’alphabétisation pour satisfaire les besoins fondamentaux des jeunes et des adultes. L’alphabétisation doit-être fonctionnelle et pour les femmes, liée à des activités génératrices de revenus et à des programmes de crédits. En même temps prévoir les moyens d’alléger les travaux ménagers (garderies communautaires, moulins, points d’eau, transports: charrettes, ânes).
- Revaloriser la place de l’ETPF et développer des compétences professionnelles et techniques critiques pour la valorisation du potentiel et des atouts de développement dans les secteurs formels et informels de chaque pays, qui va au delà du système classique d’ETPF. Ces compétences devront cibler la demande actuelle et future de l’économie, de la société et du marché du travail afin de résoudre en partie le chômage des jeunes.
- Prendre en compte l’intégration des TIC, la préservation des ressources naturelles et de l’environnement tout au long de la formation des jeunes.
- La contribution du secteur privé est clé: identifier leurs besoins en ressources humaines et l’amener à contribuer financièrement à la formation des jeunes.
- Encourager le développement de compétences endogènes et de dissémination de connaissances et d’innovations.
- Avoir des systèmes d’enseignement supérieur diversifiés et de plus en plus professionnalisants pour contribuer efficacement à la construction d’économies et de sociétés basées sur le savoir. Envisager des mesures sociales pour les femmes « crèches, emplois de temps flexibles ».
- Elargir l’accès à l’éducation en veillant à la qualité et la pertinence de l’enseignement et cela implique des coûts d’éducation accrus.
- Avoir davantage d’enseignants bien formés, sensibles à l’égalité femmes-hommes, motivés, avec des conditions de vie et de travail meilleur.
- Avoir des moyens didactiques suffisants sensibles à l’égalité femmes-hommes.
- Avoir un environnement favorable à l’apprentissage: une infirmerie, des toilettes séparées pour les filles et les garçons, une cantine avec un repas par jour, de l’électricité, un centre d’écoute et de conseils, et une tolérance zéro pour toute violence.
- Avoir une meilleure coordination des interventions des divers acteurs du champ éducatif.
- Prendre en compte les besoins spécifiques des filles, par exemple leur donner des serviettes hygiéniques et leur expliquer comment les utiliser.
- Reprendre les adolescentes mères dans le système éducatif.
- Aucun enfant ne doit être privé de son droit à l’éducation. L’éducation doit être inclusive. Il faut porter une attention particulière aux groupes les plus vulnérables surtout les filles : les enfants des minorités ethniques, ceux qui sont meurtris par la violence (en Afrique, les petits sorciers, les albinos..), les handicapés, ceux des bidons villes, les enfants atteints du Sida ou orphelins du Sida, les enfants nomades, les enfants pêcheurs.
- Permettre à ceux qui avaient décroché de reprendre les études ou de prévoir d’autres approches pour satisfaire leurs besoins d’apprentissage. Porter une attention particulière aux filles. Pour ce faire, développer des programmes spécifiques répondant à leurs besoins. L’ENF est souvent l’approche utilisée en partenariat avec les ONGs.
- Des passerelles entre les centres d’éducation alternative accueillant les enfants exclus et les écoles du système formel sont des expériences réussies dans plusieurs pays. Les innovations réussies devraient être mises à l’échelle par les gouvernements.
- Mettre en place des mécanismes de suivi précis avec des indicateurs clairs, mesurables. Les évaluations du niveau des enfants montrent si les enfants apprennent réellement. Les recherches actions régulières permettront d’identifier les lacunes afin d’y remédier.
- Des campagnes de sensibilisation faciliteront le dialogue national et créer un intérêt pour l’éducation. Une campagne multimédia fera passer les messages appropriés: spots à la télé, chansons, drames, émissions radios, communication interpersonnelle,
- Impliquer les responsables religieux, les leaders d’opinion (en Afrique les griots), faire du porte à porte, impliquer les hommes car ce sont eux qui prennent, en général, les décisions au niveau familial. Les femmes scientifiques doivent intervenir en tant que« role model » dans les écoles secondaires pour encourager les filles à s’orienter vers les sciences et la technologie.
- Impliquer les partenaires techniques et financiers (institutions multi et bilatérales), les ONG internationales pour un soutien technique et financier.
- La volonté politique de l’Etat doit se manifester par le budget octroyé au secteur, de l’éducation. Le gouvernement est responsable du système et doit coordonner toutes les interventions et toutes les aides venant des institutions multi et bilatérales. Il doit mobiliser les ressources humaines et financières dans la durée et aller vers les ressources potentielles. Cette ressource extérieure devra être utilisée avec efficience et efficacité.
- La combinaison d’une gestion institutionnelle assainie et l’instauration de la gestion décentralisée, proche des populations, devrait garantir le bon usage des fonds alloués à l’éducation.
- Les pays en travaillant ensemble apprennent les uns des autres et peuvent créer un partenariat au niveau régional et international pour réussir à apporter aux politiques éducatives des différents pays membres, un changement qualitatif, une nouvelle stratégie pour une vision de l’avenir sensible au genre en prenant en compte le rôle du savoir et de l’innovation.
VI ) Conclusion :
Il est important que les hommes soient impliqués dans ce processus d’éducation et d’égalité de genre, afin qu’ils comprennent que la sauvegarde, la stabilité et l’intégrité familiale est une responsabilité partagée.
Les relations entre hommes et femmes cesseront d’être fondées sur la domination mais sur des relations d’égalité, de respect, d’écoute et de bienveillance.
Ensemble, ils vont éduquer leurs enfants sans discrimination et leur inculquer ces valeurs. Cela aura un impact positif sur l’école à tous les niveaux. Filles et garçons auront un comportement respectueux vis à vis des uns et des autres.
L’école va cesser de reproduire les relations de pouvoirs et les pratiques de domination qui prévalent dans les milieux où vivent les enfants. Il y aura moins de violence à l’école.
C’est pourquoi Koffi ANNAN a dit que: « l’éducation des filles est le meilleur outil de développement qui soit. » et que Mayra BUVINIC (Banque Mondiale) a dit qu’il ne faut pas considérer les femmes comme des victimes, elles peuvent être des facteurs de changement. En les considérant comme des facteurs économiques et en consentant un investissement à leur égard, on opte pour un moyen judicieux de reconstruire les économies du monde. Irina BOKOVA, ancienne DG de l’UNESCO, a dit: « Excluez les filles et les femmes, et vous renoncez à 50% de votre matière grise, à 50% de votre génie créatif, et à 50% de vos forces économiques ».
Le rôle du REPTA n’est pas abordé car Mamadou NDOYE en a parlé suffisamment.
Cette contribution est basée sur mon expérience personnelle. Je voudrais juste ajouter que lors des interventions futures du REPTA, il faudra veiller à cette égalité des genres.
Ressources :
- La politique éducative de la République de Guinée: 1989.
- Le Programme d’Ajustement du Secteur de l’Education (PASE: 1992-1995).
- Conférence Mondiale sur l’Education : Déclaration Mondiale sur l’Education Pour Tous et son complément le Cadre d’Action pour répondre aux besoins éducatifs fondamentaux (Jomtien 1990): 6 objectifs.
- Conférence Mondiale pour les personnes ayant des besoins éducatifs spéciaux: Déclaration de Salamanca et Cadre d’Action pour l’éducation et les besoins spéciaux (juin 1994)
- 4ème Conférence Mondiale des Femmes (Beijing 1995): Déclaration et Programme d’Action
- Forum Mondial sur l’Education (Dakar 2000): Déclaration et Cadre d’Action: 6 objectifs dont le 5 spécifique pour l’éducation des femmes et des filles.
- L’Initiative des Nations Unies pour l’éducation des Filles (UNGEI: United Nations Girls’Education Initiative) lancée en 2000 à Dakar par le Secrétaire Général, Koffi Annan.
- Agenda Africain 2063 de l’Union Africaine: Objectifs et domaines prioritaire: Objectif 17: Egalité complète entre les hommes et les femmes dans toutes les sphères de la vie: domaines prioritaire: 1) autonomisation des femmes et des filles, 2) violence et discrimination à l’égard des femmes et des filles.
- Agenda 2030 des nations Unies: les 17 OOD dont en particulier les ODD4, 5 et 8. Tous les OOD relatifs à l’éducation et à l’égalité du genre sont contenus dans la déclaration de Incheon et le Cadre d’Action.
- Rapport Mondial sur l’Education (UNESCO 2012): jeunes et compétences, l’éducation au travail.
- La première conférence africaine sur l’enseignement supérieure (Trust Africa Dakar 2015): Revitaliser l’enseignement supérieur en Afrique – un défi et une opportunité.
- Rapport Mondial sur l’Education (UNESCO 2018): tenir nos engagements en faveur de l’égalité des genres dans l’éducation.
- Forum for African Women Educationalists (FAWE): les différents plans stratégiques et les interventions du FAWE intégrant le genre.
- Les statistiques: UIS: Institut de l’UNESCO pour les Statistiques.